Le varroa: Si ne rien faire était la solution?
Aujourd’hui, il existe deux moyens de lutte contre le varroa : soit l’utilisation d’acaricide tel que l’amitraze ou l’acide oxalique pour détruire les varroas qui se trouvent dans les colonies. Soit l’utilisation de la génétique pour renforcer la résistance des abeilles aux varroas et développer des souches VSH. Nous allons nous pencher sur cette deuxième solution.
Lutte contre le varroa: L’inconvénient des acaricides
Au même titre que les néonicotïnoides, le varroa est un véritable fléau pour Apis Melliffera.Aujourd’hui, pour y faire face, la méthode de lutte contre le varroa la plus répandue est l’utilisation d’acaricide. Les apiculteurs utilisent plusieurs molécules pour cela, allant de l’amitraze à l’acide oxalique, en passant par le thymol… Elles ont pour avantage d’être efficaces dans l’immédiat. Mais elles représentent trois inconvénients majeurs :
- elles ne poussent pas les abeilles à lutter elles-mêmes contre le varroa
- l’usage abusif affaiblie les abeilles
- Ces traitements sont de moins en moins efficaces car les varroas développent des mécanismes de résistance
C’est pour ces raisons que les scientifiques, depuis les années 1980, essaient de trouver de nouvelles méthodes pour lutter contre le varroa. Une méthode semble prometteuse : adapter la génétique des abeilles pour qu’elles deviennent résistantes au varroa.
La recherche de souches VSH
Afin de créer des souches VSH (Varroa Sensitive Hygiene), c’est-à-dire des souches qui sont résistantes aux varroas, les chercheurs s’inspirent d’Apis Cerana. Apis Cerana est une espèce d’abeille qui vit en Asie, et qui se développe parfaitement bien avec le varroa depuis des millions d’années. Alors que, Apis Meliffera, quant à elle doit cohabiter avec le varroa destructor depuis seulement une quarantaine d’année. Mais alors, qu’est ce qui fait qu’apis cerana se développe très bien avec le varroa destructor ?
Tous d’abord, Apis Cerana est une abeille qui a de très grandes qualités de nettoyeuse. Et on le sait aujourd’hui, les souches d’Apis Mellifera qui ont aussi de grandes qualités de nettoyeuses sont les souches qui résistent le mieux aux varroas. C’est donc un caractère génétique à reproduire chez Apis Mellifera. De plus que c’est un caractère à forte héritabilité !
Ensuite, les scientifiques ont remarqué qu’Apis Cerana était doté d’un odorat plus développé. Elles reconnaissent beaucoup mieux qu’Apis mellifera le couvain infesté par les varroas. Elles sont donc plus efficaces dans leur lutte contre celui-ci.
Enfin, le temps de couvain d’Apis Cerana est plus court que celui d’Apis méllifera. Par conséquent, le parasite à moins de temps pour se développer dans le couvain d’Apis Cerana.
Les scientifiques s’inspirent de ces particularités de l’abeille asiatique pour développer une sorte de super Apis Melifera résistante aux varroas.
Où en est-on dans la recherche de sources VSH ?
Aujourd’hui, les scientifiques sont en mesure de faire des souches VSH, mais la recherche doit continuer. En effet, ces souches sont des souches très résistantes aux varroas, mais elles ne sont pas suffisamment robustes pour résister à d’autres fléaux. On a remarqué par exemple que c’était les petites colonies qui résistaient le mieux au varroa, et ça parait logique. En effet, une petite colonie implique peu de couvain, donc moins de varroa, puisque ce dernier se reproduit dans le couvain. Par contre, les petites colonies sont beaucoup plus sensibles aux autres fléaux, notamment au frelon asiatique. On sait aussi qu’une petite colonie est une colonie qui hiverne moins bien.
D’ailleurs, comme indiqué dans l’article de butine.info, il est important de différencier la résistance aux varroas et la tolérance. La tolérance aux varroas signifie que les abeilles vivent avec ce parasite. Le parasite se développe et l’abeille survie. Alors que la résistance signifie que l’abeille va soit supprimer le parasite, soit le réguler afin qu’elle puisse se développer. Les comportements VSH implique une résistance et non une tolérance aux varroas.
Donc bien qu’il existe des souches résistantes aux varroa, leur caractère génétique doit encore s’améliorer pour que l’on puisse avoir des abeilles résistantes.
Doit-on continuer à utiliser les traitements anti varroa?
La question est légitime, doit-on continuer à traiter nos colonies contre le varroa ou laisser les choses faire, et laisser les abeilles développer une résistance au varroa par elle-même ?
Tout d’abord, si nous laissons les choses se faire, nous laissons jouer la sélection naturelle. Dans ce cas, nous acceptons un risque : celui que l’abeille disparaisse. En effet, la sélection naturelle induit la survie des individus capable de s’adapter au changement. Mais cela induit aussi la disparition de ceux qui ne sont pas capable de s’adapter. Il est donc possible que l’abeille soit incapable de s’adapter et par conséquent disparaisse.
De plus, j’ai lu un certain nombre d’articles de la presse scientifique et je me suis rendu compte d’une chose : laissons aux scientifiques ce qui relève de la science ! Les personnes qui effectuent des recherches dans ce domaine-là sont des experts, ils ont au minimum un bac +8 ainsi que plusieurs années de recherches derrière eux. La génétique est très complexe à aborder.
Notre travail d’apiculteur est de collaborer avec eux, mettre en place des organismes, récolter des données… Afin de faciliter leur travail et de les aider au mieux.
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