Néonicotinoïdes: un réel danger ?
Les néonicotinoïdes, selon l’ANSES, sont des substances insecticides, dérivées de la nicotine, utilisées notamment en agriculture. C’est l’une des substances les plus utilisée dans le monde, car très efficace contre les parasites, et apparemment sans effet sur l’Homme. Les néonicotinoïdes représentent-ils un danger pour l’environnement ? Peut-on continuer à les utiliser sans risques ? Ont-ils un impact sur les insectes polinisateurs ?
Les néonicotinoïdes : Qu’est-ce que c’est ?
Les néonicotinoïdes, comme je vous l’ai dit en introduction, sont des insecticides qui agissent sur le système nerveux des insectes. Les agriculteurs les utilisent comme produits phytosanitaires pour protéger les plantes.
Leur utilisation remonte à loin. Les toutes premières applications datent de 1690 ou Jean-Baptiste de la Quintinie, agronome, utilise des infusions de tabac et remarque des vertus pesticides sur des cultures fruitières. De plus, avant l’utilisation de la naphtaline, on utilisait des feuilles de tabac séchées pour éviter les mites dans le linge.
Ce n’est qu’au début du XXème siècle que les néonicotinoïdes apparaissent.
Leur utilisation intensive s’est mise en place dans les années 1990 car ils ont une efficacité redoutable. C’est d’ailleurs pour cela que c’est le type d’insecticide le plus utilisé dans le monde. A première vue, tout va pour le mieux, on utilise des produits qui sont efficaces contre les parasites et qui n’ont apparemment aucun effet sur les êtres humains. Sauf qu’il y a un « mais… » !
Les néonicotinoïdes : l’envers du décor
Les néonicotinoïdes n’ont malheureusement pas que des avantages. En effet, ils ont une biodégradabilité très faible, ils se transmettent entre animaux, et ne sont pas si bénins que ça pour l’être humain.
Les impacts sur l’environnement
Nous n’utilisons plus les néonicotinoïdes sous la forme de tabac séché. Avec les progrès techniques, nous sommes capables d’isoler les molécules actives et de les utiliser en grande quantité pour traiter des hectares entiers.
Comme nous venons de le voir, ils ne se dégradent pas bien dans l’environnement. Leur utilisation intensive a donc pollué les champs où les traitements étaient appliqués, mais pas seulement. Ils ont aussi pollué les eaux, et par conséquent, tous les lieux où ces eaux se sont déposées. Nous avons retrouvé des traces de néonicotinoïdes dans des lieux qui n’avait jamais été traité avec ce type de pesticides.
Ils présentent aussi l’inconvénient de se transmettre entre animaux. En effet, ils sont très peu dégradables et lorsque les insectes sont contaminés, ils contaminent par la même occasion leurs prédateurs. Des populations d’animaux sont donc infestés alors qu’elles ne sont pas visées à la base. Mais cela représente-il un danger pour l’être humain ?
Un danger pour l’être humain ?
Pendant longtemps, nous considerions les néonicotinoïdes comme inefficace sur l’Homme. Mais des études récentes ont été réalisées sur des biches et des daims et démontrent qu’il y a de réels effets sur les mammifères. Cela impacterait leurs immunités et leurs reproductions. De plus, dans une étude publiée le 2 février 2017 dans la revue Environnemental Health Perspecives, précise que ces pesticides peuvent avoir un effet sur l’autisme, des troubles de la mémoire et pourrait provoquer des anencéphalies (absence de cerveau et de crâne à la naissance).
Un danger pour les abeilles ?
Oui ! Il est évident que si les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux des insectes, ils n’épargnent pas les insectes pollinisateurs. Les abeilles adoptent des comportements étranges, ne se repèrent plus correctement. Ce qui provoque un butinage moins efficace et un affaiblissement des colonies.
Quelles mesures la France à-t-elle mise en place ?
Que dit la loi concernant les néonicotinoïdes ?
Il faut savoir que beaucoup de pays autorisent l’utilisation des néonicotinoïdes. Concernant la France, nous sommes en présence d’une législation volatile.
En effet, en 2016, un pas en avant : La ministre de la transition écologique Barbara Pompili fait voter une loi interdisant 5 molécules pour 2018, avec des dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020.
En juillet 2020, deux pas en arrière : Un nouveau projet est à l’étude. Il serait possible d’utiliser les néonicotinoïdes dans la culture de la betterave sucrière. Et c’est…Barbara Pompili qui a mené ce projet!
Du coup, depuis septembre 2020, les agriculteurs peuvent utiliser temporairement les néonicotinoïdes dans le cadre de la culture de la betterave sucrière.
Mais pourquoi un tel revirement?
Il faut avoir conscience qu’aujourd’hui les agriculteurs sont logés à la même enseigne que les apiculteurs. Les politiques, de gouvernement en gouvernement, de présidence en présidence adaptent leurs discours. Ils essaient de tenir une ligne directive sur l’agriculture et sur l’écologie qui n’est pas viable. Les problèmes de surface sont utilisés comme des armes politiques et les problèmes de fond sont bottés en touche. Lorsque les agriculteurs ont un problème, on subventionne et on lâche des primes, mais on ne règle pas le problème de fond.
Il en va de même pour l’apiculture : les apiculteurs perçoivent des aides en fonction des régions lorsqu’il y a des intempéries. Ils perçoivent aussi quelques aides leur permettant de financer une partie de leurs matériels . Mais peu de personnes abordent les problèmes de fond : aujourd’hui, il est très difficile pour un apiculteur de vivre de son métier. Les fléaux de l’abeille (frelon asiatique et varroa) sont de plus en plus présent et les néonicotinoïdes n’arrangent pas le déclin des abeilles. Nous n’avons trouvé aucune solution sérieuse à ce problèmes.
Apiculteur : que faire ?
Comme nous l’avons vu, bien que partiellement interdit,les agriculteurs utilisent encore les néonicotinoïdes pour certaines cultures. Ils se transmettent facilement par l’eau et sont très peu dégradables. Cela n’aide pas les abeilles.
Nous savons que les colonies d’abeilles fortes résistent beaucoup plus aux maladies, aux traitements, et aux prédateurs. C’est aussi ce qui permet aux abeilles de monter plus facilement dans les hausses et donc, par conséquent, produire plus de miel. Il faut donc essayer, tant bien que mal, de conserver des colonies fortes, bien que cela soit de moins en moins évident car l’abeille a de plus en plus de fléaux qui s’érigent contre elle. En effet, les pesticides ne sont pas les seuls. A cela vient se rajouter le varroa, acariens apparus en France aux débuts des année 1980, les maladies auxquelles elles sont de plus en plus sensibles (peut être à cause des pesticides d’ailleurs), l’urbanisation qui leur détruit leur milieu de vie, le réchauffement climatique et depuis 2005, l’arrivée du frelon asiatique.
Avoir des colonies fortes est donc la solution idéale dans la théorie, mais dans la pratique, cela devient de plus en plus compliqué, voir dans certains territoires, impossible ! La lutte contre leur utilisation est donc l’une des nombreuses luttes à mener contre la disparition des insectes pollinisateurs.
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