La mise en hivernage

Pendant l’hiver, les abeilles vont réduire leurs activités, la reine va réduire, voir arrêter sa ponte. La colonie va devoir affronter le froid, et une absence de ressources nouvelles. Pour l’hivernage, le rôle de l’apiculteur est d’aider ses colonies à passer cette rude période, avec une grosse difficulté: il ne pourra pas ouvrir ses ruches durant plusieurs mois. Nous allons voir dans cet article, les pratiques qui vous aideront à bien hiverner vos colonies.

Le nourrissement d’hivernage

Le abeilles vont passer plusieurs mois sans avoir d’apport en nourriture. D’où l’importance de l’hivernage. Afin d’éviter que l’abeille « se retrouve fort dépourvue lorsque la bise fût venue », il faudra vérifier ses réserves avant l’hiver. En effet, une fois l’hiver présent, il est très difficile d’ouvrir les ruches et de faire un appoint de nourriture.

Le plus difficile est de savoir la quantité de nourriture que doivent avoir nos ruches pour qu’elles puissent passer l’hiver. En effet, cela varie beaucoup. En fonction de deux facteurs notamment

  • La durée de l’hiver: plus l’hiver est long, plus vos ruches auront besoin de nourriture importante, car elles resteront un long moment sans apport nouveau de nourriture.
  • La taille de la colonie: Attention aux idées reçues! Pendant la saison chaude, plus la colonie est grande, plus elle consomme de nourriture. Jusque là, ça paraît logique. Par contre, durant l’hiver, c’est l’inverse: plus une colonie est grande, moins elle consomme. En effet, la consommation hivernale sert à réchauffer la ruche, or une grosse colonie se tient chaud plus facilement.

ATTENTION: la consommation principale de nourriture ne se produit pas durant l’hiver, mais durant les deux à trois premières semaines de la reprise d’activité de la ruche. Durant cette période, elle consomme jusqu’au 2/3 de ce qu’elle a consommé pendant l’hiver. C’est donc durant ces deux à trois semaines que beaucoup de colonies meurent de faim.

Nous allons voir maintenant comment nourrir nos colonies en vue de l’hivernage.

Le nourrissement au sirop

Pendant la période pré-hivernale, il est fortement conseillé de nourrir au sirop. Cela permet aux abeilles de se constituer un stock de nourriture pour l’hiver.

Les apports en sirop en vue de l’hiver doivent se mettre en place dès la fin juillet ou début août. Il faut éviter absolument de faire de trop gros apports en sirop en octobre ou novembre. En effet, lorsque l’on rajoute du sirop, les abeilles doivent le butiner, se l’échanger par trophalaxie, le stocker, le ventiler dans le but de l’assécher et l’operculer. Or, aux mois d’octobre et novembre, ce sont des abeilles d’hiver que vous avez dans votre ruche. Ces abeilles doivent vivre jusqu’à 6 mois car la population de la ruche ne se renouvelle pas, ou très peu, durant la saison froide. Il ne faut donc pas trop les fatiguer.

Une question se pose: vaut-il mieux un sirop industriel ou fait maison ? La réponse est à nuancer.

Le sirop « fait maison »

Le sirop fait maison, en plus d’être bon marché, est très bien dans le cadre d’un nourrissement en saison ou pour une stimulation. Mais c’est un sirop que je n’aime pas utiliser pour un nourrissement hivernal.
En effet le sirop « fait maison », si il est mal dosé, peut être très mal assimilé par le système digestif de l’abeille, et, à long terme, provoquer des nosémoses. En saison, les nourrissements et les stimulations sont brefs et ponctuels. Même s’il n’est pas de bonne qualité, les abeilles le digèreront sans trop de difficulté car elles auront très rapidement accès à d’autres sources de nourriture. De plus, si quelques abeilles ont le système intestinale perturbé, la ruche se renouvelle tellement vite que cela n’aura aucun impact sur la colonie globale.
Durant l’hiver, c’est un autre problème: les abeilles consommeront ce sirop parfois de manière exclusive. La population de la ruche n’est quasiment pas renouvelée. Cela peut provoquer de forte nosémose voir la destruction de la colonie.

Le sirop industriel pour un bon hivernage

Un peu plus coûteux, il s’agit cependant d’un sirop étudié en laboratoire et testé sur des abeilles. Il y a donc plus de chances que ce sirop soit adapté. Il provoquera donc moins de nosémoses et sera plus fiable.

Le nourrissement au candi

Le nourrissement au candi en hiver est soit la conséquence d’un nourrissement raté, soit un nourrissement de fin d’hiver.

En effet, il est très fortement déconseillé de nourrir au candi lors de l’hivernage. Le candi est posé sur les cadres de ruche et il est difficile pour les abeilles d’y avoir accès quand il fait trop froid car elles restent en grappe pour se tenir chaud. C’est pour cela qu’il arrive que des ruches meurent de faim durant l’hiver alors que l’apiculteur avait déposé un pain de candi au préalable.

Vous pouvez par contre ajouter un pain de candi lors de la reprise de la saison. A ce moment là, les températures s’adoucissent, les abeilles peuvent donc circuler librement dans la ruche (donc avoir accès au pain de candi), mais il n’y encore pas suffisamment de nourriture à l’extérieur, et les réserves de la ruche s’appauvrissent.

Le nourrissement de vos ruches avant l’hiver a des conséquences non négligeables. Cependant, il faut aussi protéger les abeilles du froid.

Des ruches hivernées

Isoler ses ruches, pour un hivernage efficace

Un autre point important pour l’hivernage est l’isolation de vos ruches. Il est évident que l’isolation de vos ruches en vue de l’hiver ne se fait pas de la même manière en fonction de votre région. Les corses n’isolent pas leurs ruches comme les canadiens. Nous allons voir comment isoler ses ruches.

Le choix des matériaux

Pour moi, ce qui joue le rôle le plus important dans l’isolation des ruches est le choix des matériaux qui composent la ruche. En effet, le bois isole beaucoup plus qu’une ruche en plastique. Il est vrai qu’acheter une ruche en bois est souvent plus chère à l’achat, par contre, dans certaines régions, avec une ruche en bois, l’isolation devient obsolète. Cela nous permet donc de faire des économie sur l’achat d’isolant. C’est à réfléchir.
Par exemple, je n’isole pas mes ruches en hiver. En effet, je suis dans l’est lyonnais, et mes ruches en bois isolent suffisamment.

Les accessoires isolants

Dans le commerce, il est vendu plusieurs accessoires permettant d’isoler vos ruches. Des partitions isolantes, des plaques de mousse isolante que l’on place dans le nourrisseur ou dans le couvre cadre. Il existe aussi des sortes de housse qui permettent d’isoler les ruches. Cela s’utilise sur les ruches en plastique dans les régions froides, ou alors sur des ruches en bois où les hivers sont très froids comme au Canada.

Le système D

Vous pouvez aussi parfaitement construire vos systèmes d’isolation vous même. Mettre des plaques de polystyrène dans le nourrisseur ou sur vos partitions. Certains isolent en empilant deux ou trois plaques de carton dans leur couvre cadre… Une seule limite : votre créativité (où peut être votre côté bricoleur aussi).

Mais attention : avec le réchauffement climatique, dans de plus en plus de région, l’isolation hivernale devient obsolète. Par contre, nous aurons besoin d’isoler nos ruches pendant la période estivale!

Réduire ses ruches

Imaginez-vous au XVIIIème siècle, vous habitez un immense manoir de 450m². Vous y habitez seul, et vous devez chauffer tout ce manoir en entretenant les feux qui se trouvent dans les 12 cheminées de ce manoir. Vous imaginez la quantité de travail? le nombre de buches que vous allez devoir couper ? Puis transporter jusqu’aux cheminées, sachant que certaines se trouvent au 2ème étage… Et bien quand vous laissez vos ruches sur 10 cadres (voir parfois avec des hausses) en hiver, c’est exactement le même travail que vous demandez à vos abeilles. Il faut adapter votre nombre de cadres à la quantité d’abeilles dans vos ruches. Sinon, ça leur demande trop de travail, elles peuvent aller jusqu’à mourir de froid et de fatigue.
Vos abeilles doivent pouvoir s’occuper de tous les cadres durant l’hiver. Les ruches trop grandes, en plus de donner une plus grande surface à chauffer aux abeilles, favorisent aussi le développement de la fausse teigne.

Je viens de vous présenter ici les trois piliers pour un bon hivernage: le nourrissement, l’isolation et la réduction des cadres. Pour plus d’informations, rendez-vous sur ma chaîne youtube.

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